Elémentaire... ou pas, mon cher Watson?
Patiente de 72 ans, connue depuis 10 ans pour une M-GUS stable (gammapathie monoclonale de signification non évolutive). Tabagisme >/= 55 UPA cessé depuis un an. Imprégnation alcoolique intermittente. HTA bien contrôlée par lisinopril 5 mg. Au printemps 2015, elle séjourne dans le sud ouest de la France où elle consulte pour un purpura antérieur MIG qui s’étend puis s’ulcère assez rapidement. Sur place un dermatologue diagnostique avec une biopsie une vasculite leucoclastique. La lésion augmente progressivement, elle revient en Suisse et rencontre sans conclusion: un phléboloque, un immunologue et 3 dermatologues et la trouvaille d’un Achromobacter xyloxidans n’est pas plus contributive que les nouvelles biopsies, mais
la situation s’aggrave. Différents traitements topiques (Fucidine®, Ialugen®, Dermovate®) ne changent rien, ni la colchicine per os.
Après deux mois d’évolution insidieuse, la patiente lit dans un journal du sud est de la France qu’un arthropode connu pour ses dégâts dermatologiques aux Etats Unis est désormais signalé dans cette région: l’araignée recluse brune (Loxosceles reclusa). Les photos sur le journal ou sur le web sont évocatrises et inquiétantes… Personne n’a pu confirmer cette hypothèse, surtout en pleines vacances d’été, mais cependant une dermatologue plus pointue disposait des pansements type hydrogel pour un «débridement chimique». C’est elle qui finalement a conclu qu’en présence d’une vasculite avérée sur les biopsies une envenimation était improbable.
Finalement une petite plaie modeste s’est vue incriminer comme source des dégâts: une épine de cactus incarnée depuis des mois en regard de la tête du premier métatarsien…
Martine Stroot, Médecine Générale, Genéve
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