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Publiziert am 02.06.2020
Souvent bénigne et autorésolutive, l’adénopathie périphérique peut être provoquée par une multitude de pathologies inflammatoires, infectieuses ou tumorales et représente donc souvent un défi diagnostique.
Tableau 1: Liste non exhaustive de causes d’adénopathies, adapté de [1]. | |||
Cause infectieuse | Cause tumorale | Autre | |
Adénopathie localisée principalement | • Infection cutanée de l’aire de drainage • Angine bactérienne • Tuberculose • Chancre (LGV, syphilis, H. ducreyi) • Herpès simplex virus • Tularémie • Maladie des griffes du chat | • Métastase • Carcinome de cellules squameuses | • Maladie de Kikuchi (rare) |
Adénopathies disséminées principalement | • VIH • EBV • CMV • Toxoplasmose • Syphilis • Brucellose • Leishmaniose | • Lymphome non Hodgkinien • Lymphome Hodgkinien • Leucémie | • Médicamenteuse (hypersensibilité retardée*) • Hypothyroïdie • Sarcoïdose • Maladie de Still • Lupus érythémateux disséminé • Amyloïdose |
En gras: les causes les plus fréquentes par catégorie. *Notamment: allopurinol, aténolol, captopril, carbamazépine, les céphalosporines, pénicilline, phénytoïne, quinidine et les sulfamidés [5]. |
Tableau 2: Prise en charge en fonction de la présentation et suspicion clinique initiale et des comorbidités du patient. | ||||
1. ADP localisée et étiologie infectieuse probable | ||||
Anamnèse | Examen clinique, fréquemment retrouvé en plus de l’adénopathie | Bilan complémentaire | Diagnostique recherché | Traitement de première intention |
Blessure, brûlure, diabète | Plaie, rougeur, chaleur, douleur | FSS, CRP, +/- hémocultures | Dermo-hypodermite | Amoxicilline + acide clavulanique |
Griffure de chat | Griffure | Sérologie B. Henselae | Maladie des griffes du chat | Azithromycine* |
Odynodysphagie, fièvre et absence de toux | Adénopathie cervicale, pharyngite | Streptotest | Angine bactérienne | Amoxicilline |
Odynodysphagie, asthénie, fièvre, adolescent ou jeune adulte | Adénopathies cervicales ou disséminées, pharyngite, splénomégalie (50% des cas) | Sérologies EBV/CMV/HIV Si négatives: syphilis/toxo | Mononucléose infectieuse ou infection à CMV | Pas de traitement spécifique |
Relations sexuelles à risque | • Adénopathie inguinale et à l’examen de la sphère ano-génitale présence d’un chancre mou ou proctite • Adénopathie inguinale et à l’examen de la sphère ano-génitale des vésicules groupées | • PCR sur frottis lésion ou urines • Culture/PCR • Test ELISA suivi de tests spécifiques • Diagnostic clinique ou PCR sur frottis | • Lymphogranulome vénérien (LGV), syphilis • Haemophilus ducreyi Gonocoque • Syphilis • HSV2 ou HSV1 | • Doxycycline • Ceftriaxone intra-musculaire • Benzathine-pénicilline intra-musculaire • Valacyclovir |
Exposition à la tuberculose, asthénie, perte de poids, fièvre | Adénopathie classiquement cervicale | Examen ORL, IGRA, radiographie du thorax, FNA/biopsie à l'aiguille avec PCR TB. Si négatif, exclure autre cause d’ADP avec EF et asthénie (sérologies HIV, EBV, CMV, syphilis, toxoplasmose, tularémie,…) et discuter exérèse du ganglion pour histologie (tumeur? granulome?) et PCR TB. | Lymphadénite tuberculeuse | Recherche tuberculose pulmonaire (contagiosité?), déclaration médecin cantonal, introduction d’une quadrithérapie anti-tuberculeuse classique selon résultats Xpert TB**, avec supplément vit B6 |
2. ADP localisée et étiologie oncologique probable | ||||
Anamnèse | Examen clinique, fréquemment retrouvé en plus de l’adénopathie | Bilan complémentaire | Diagnostique recherché | Traitement de première intention |
Exposition au soleil, phototype 1–3 (peau claire, taches de rousseur, antécédents de cancer de la peau | Naevus asymétrique, bords et couleur irréguliers, taille évolutive | FNA ou biopsie exérèse | Néoplasie dermatologique | Selon diagnostic et avis spécialisé |
HIV ou immuno-suppression | Macules brunes, violettes ou marron ou papulo-nodules pigmentées | FNA ou biopsie exérèse | Sarcome de Kaposi | Si HIV positif, traitement antirétroviral + chimiothérapie Si HIV négatif, chimiothérapie spécifique/avis spécialisé Ajouter PCR HHV8 – Castelman? |
Asthénie, pâleur, dyspnée, saignements | Splénomégalie, multiples hématomes | Bilan biologique incluant FSC et myélogramme | Leucémie | Avis spécialisé, chimiothérapie |
HIV ou immuno-suppression, symptômes aspécifiques, syndrome inflammatoire non expliqué | Splénomégalie | FSC, CRP, VS, sérologies HIV, EBV, CMV et toxoplasmose, cytométrie de flux, FNA/biopsie à l'aiguille ou biopsie exérèse d’une adénopathie**, PET CT | Lymphome | Avis spécialisé, chimiothérapie |
Tumeur maligne connue ou suspectée | En fonction de la tumeur primaire | FNA/biopsie à l'aiguille ou biopsie exérèse** | Métastase | Avis spécialisé et traitement en fonction |
3. ADP localisée sans étiologie infectieuse ni oncologique probable | ||||
Anamnèse | Examen clinique | Bilan complémentaire | Suivi | Traitement de première intention |
Pas de facteurs de risque oncologiques ni infectieux y compris pour les maladies sexuellement transmissibles, pas de symptômes B, bonne santé habituelle | Examen clinique dans la norme hormis une adénopathie souple, mobile, et sensible à la palpation | Surveillance clinique pendant quatre semaines. | Arrêt du suivi si disparition à 4 semaines. Si persistance sans piste clinique, réévaluer un bilan avec FSC, VS, CRP et si pas de diagnostic sérologique, une FNA/biopsie à l'aiguille ou biopsie exérèse** | Pas de traitement pendant la surveillance ni si disparition de l’adénopathie. Si bilan complémentaire, traitement en fonction des résultats |
Si pendant la surveillance le patient présente un symptôme évocateur d’un diagnostic à l’origine de l’adénopathie, le bilan devra être fait selon le diagnostic suspecté sans délai | ||||
4. ADP généralisée sans caractéristiques évoquant une cause oncologique | ||||
Anamnèse | Examen clinique, fréquemment retrouvé en plus des adénopathies | Bilan complémentaire | Diagnostique recherché | Traitement de première intention |
Ingestion de viande crue/légumes mal lavés etc. | Rash maculo-papulaire, hépato-splénomégalie | Sérologies | Toxoplasmose | Pas de traitement en première intention si immunocompétent, surveillance |
Relations sexuelles à risque ou consommation drogues IV, asthénie, +/- fièvre | Pharyngite, rash maculo-papuleux, chancre induré indolore | Dépistage HIV 4e génération +/- PCR et dépistage syphilis | HIV, syphilis | Trithérapie ou Benzathine pénicilline |
Retour de voyage d’une région à risque | • Etat fébrile et arthralgies • Papules, lésions acnéiformes/ psoriasiformes/ulcérées. L’examen clinique peut être normal | • Sérologies • PCR ou histologie sur biopsie. Les sérologies ne sont pas recommandées | • Brucellose • Leishmaniose | |
Adolescent ou jeune adulte, fièvre, arthralgies diffuses, myalgies | Adénopathies à prédominance cervicale, splénomégalie, rash rosé | FSC, VS, ferritine, tests hépatiques, ANA et FR | Maladie de Still | Corticostéroïdes et méthotrexate |
Femme, jeune adulte, arthralgies diffuses, photosensibilité, | Erythème malaire, ulcérations oropharyngées | FSC, VS, fct rénale, AC anti-phospholipides, anti DNA natif | Lupus érythémateux disséminé | Hydroxychloroquine |
Arthralgies des petites articulations, raideur matinale | Tuméfaction douloureuse des articulations | FSC, VS, facteur rhumatoide, imagerie | Polyarthrite rhumatoïde | Anti-inflammatoires non stéroidiens +/- méthotrexate |
Aucune piste anamnestique en faveur d’une étiologie | Examen clinique dans la norme hormis des adénopathies généralisées | FSC, test de dépistage HIV, EBV, CMV, syphilis, Bartonella henselae et toxoplasmose, radiographie du thorax +/- FNA/biopsie à l’aiguille, biopsie exérèse d’une adénopathie*** | Diagnostic en fonction des examens complémentaires | Traitement en fonction du diagnostic |
* L’azithromycine est recommandée pour une maladie des griffes du chat (sévère, modérée) selon la posologie: Patients de plus de 45 kg: 500 mg J1 puis 250 mg de J2 à J5 [16]. ** Xpert TB: moyen de dépistage rapide (env 90mn) par amplification de l’acide nucléique sur expectoration. Cela permet d’obtenir un dépistage de la tuberculose et d’une potentielle résistance à la rifampicine (recherche de mutation sur le gène de la «RNA polymerase bêta» ou «rpob»). *** Le bilan complémentaire habituellement proposé par les différents auteurs est initialement la biopsie à ciel ouvert avec histologie et culture. L’aspiration à l’aiguille fine (FNA) et la biopsie à l’aiguille sont des procédures moins invasives et moins onéreuses et permettent un diagnostic si elles sont positives. Les faux positifs sont rares mais la FNA compterait près de 12,5% de faux négatifs [17] (ganglion partiellement altéré, inexpérience de l’opérateur, et absence d’examen de l’architecture ganglionnaire) [18]. |
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