François Héritier Président CMPR
Octobre 23, mois d’élections, mois de révolution?
De quelle couleur sera notre automne parlementaire? Rose, noir, vert ou bleu? Chatoyant comme un été indien ou terne comme un matin brumeux?
Coloré comme les voyelles de Rimbaud ou triste comme un discours traditionaliste?
Sondages et tendances nous annoncent plutôt un statu quo conservateur.
Et dans la foulée, de quelle tendance sera notre ministre de la santé, successeur.e d’Alain Berset?
Probablement socialiste, à en croire les analystes, puisque aucun.e autre Conseiller.e Fédéral.e ne semble vouloir changer de département.
Parlement de droite et ministre de la santé de gauche. Une opportunité pour les soins primaires? Ou une majorité de blocage pour toute réforme?
Pourtant, notre système de santé tousse et menace de s’essouffler. Pris dans l’étau de son financement, il ne peut pas requérir toujours plus d’argent dans un monde limité où les ressources ne sont pas extensibles à l’infini. Jusqu’à quand augmenterons-nous annuellement nos primes de caisse-maladie? Alors que faire, Madame ou Monsieur la.le nouvel.le Conseiller.e Fédéral.e?
Continuer de dépenser sans compter en attendant une solution technologique? Diminuer le gaspillage? Mieux répartir les moyens selon les besoins? Promouvoir enfin la santé autant que soigner les maladies?
Tout repenser: définir la santé – prioriser les besoins de soins – articuler tout le système autour d’équipes régionales interprofessionnelles autonomes, coordonnées par des médecins de famille – sortir de l’hospitalo-centrisme – piloter autoritairement la médecine de pointe – financer le tout plus équitablement par l’impôt et des taxes sur le capital et les industries polluantes et délétères.
Vaste programme… Et si l’on commençait par revaloriser les soins primaires, Monsieur le futur Conseiller National, Madame la future Conseillère aux États? Le Masterplan de M. Berset date un peu et nous avons besoin d’un nouvel élan pour assurer la relève en médecine de famille, surtout dans un nouveau système coordonné par des médecins de premier recours.
Former le nombre de médecins dont nous avons besoin sans épuiser le réservoir médical des pays voisins – supprimer le numerus clausus ou fixus – imprégner la formation universitaire de stages et de cours en médecine de premier recours – sortir la formation postgrade de l’hôpital et la rendre attractive en cabinet médical – faciliter l’installation dans des nouveaux modèles de soins avec des partenariats publics-privés – obtenir une rémunération supérieure à celle des autres spécialités médicales par un financement mixte, Tardoc et enveloppe d’intérêt général – garder la médecine au cœur de l’activité sans ingérence administrative excessive – financer ce plan avec 1% du budget de la santé.
Un rêve? Un rêve de révolution, de révolution d’octobre…
Pas tout à fait. Un groupe de travail réunissant toutes les sociétés de médecine de premier recours, mené par le CMPR, planche actuellement sur un tel programme.
En attendant, allons quand même voter! Cherchons et soutenons les candidat.e.s au Parlement susceptibles d’approuver notre plan d’action!
Qui sait?

Dr méd. François Héritier
Collège de médecine de premier recours CMPR
Rue de l’Hôpital 15
Case postale 592
CH-1701 Fribourg
francois.heritier[at]unisante.ch

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