Renforcer la formation continue des médecins

Forum
Édition
2023/45
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2023.1294619329
Bull Med Suisses. 2023;104(45):21

Publié le 17.11.2023

Carrière
L’Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique (asmac) souhaite protéger le droit du travail. Si certains avancent que travailler plus de 42 heures hebdomadaires en moyenne est «légalement et irrévocablement interdit» pour les médecins-assistants, pour Simon Stettler, directeur de l’asmac, ces déclarations sont sans fondement et tout bonnement fausses.
Cela fait plusieurs mois que le Prof. Dr méd. Othmar Schöb tire sur l’asmac à boulets rouges, souvent sans discernement. Il semble avoir trouvé dans l’association des jeunes médecins le coupable idéal de tous les maux de la formation postgraduée en chirurgie. Mais l’asmac milite pour bien plus que la réduction du temps de travail ou le respect du cadre législatif en vigueur. Quiconque s’intéresse de plus près à notre association en fera rapidement le constat.
La formation postgraduée de nombreux jeunes médecins est insuffisante, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, comme en témoignent les réactions des médecins-assistants et assistantes, des auditrices et auditeurs, corroborées par les résultats du sondage annuel de nos membres. Trop nombreux sont les concepts de formation continue, beaux sur le papier mais irréalisables dans les faits.
Monsieur Schöb a constaté qu’actuellement les assistants en chirurgie opèrent et assistent seulement quelques heures par semaine [1]. Pour lui, la solution consiste à rallonger le temps de travail hebdomadaire et à lever le nombre limite d’heures supplémentaires autorisées. À vrai dire, cette idée ne me semble ni encourageante ni très innovante. Au vu du faible nombre d’heures de formation et d’opérations effectif, la marge de manœuvre reste importante, tout en respectant la durée de travail maximale de 50 heures fixée par la loi. L'asmac veut mettre cet espace à profit avec le modèle 42+4, qui allie renforcement de la formation continue et protection du droit du travail. Pour ce faire, nous relevons deux points cruciaux.

Avec le modèle 42+4, nous allions renforcement de la formation continue et protection du droit du travail.

D’une part, il faut améliorer la planification. En cas de planification au-delà ou tout juste à la limite autorisée, il est impossible de respecter le cadre fixé par le droit du travail. Il faut donc prévoir 42 heures de service et 4 heures de formation postgraduée structurée par semaine. Les cliniques disposeront de plus de flexibilité pour les urgences ou situations impliquant une forte charge de travail, sans pour autant enfreindre la loi. À titre d’aide, les hôpitaux et cliniques bénéficient depuis plusieurs années de conseils gratuits pour une planification des services efficace.
D’autre part, il faut décharger les médecins des tâches non médicales. Lors de la conférence organisée cet été par l’asmac à l’intention de l’OFSP, de la CDS, de la VLSS, de l’ISFM, de H+ et de la FMH, les questions administratives et bureaucratiques figuraient parmi les thèmes clés, de même que la formation continue et les conditions de travail. Ces travaux suivent leur cours avec pour objectif la mise en place de mesures concrètes de tous les participants pour de nettes améliorations.
Monsieur Schöb aimerait autoriser les heures supplémentaires volontaires. Toute relation de travail implique une dépendance de l’employé à son employeur ou à ses supérieurs. Celle-ci est fortement marquée chez les médecins en formation postgraduée, d’où la protection de la loi sur le travail. Une flexibilisation sur la base de «ceux qui veulent en faire plus le peuvent et les autres ne sont obligés de rien» ne fonctionne pas dans ce rapport de force, une protection des droits affaiblie entraînant plus de pression sur les employés. À long terme, cela n’aide ni au recrutement ni à conserver le personnel en poste.
Si on libère les médecins des charges administratives, la mise en œuvre de la semaine de 42+4 heures laisse du temps pour soutenir les jeunes médecins-assistants particulièrement performants tout en respectant le cadre législatif. C’est la solution préconisée par l’asmac.
C’est à cette fin que nous cherchons des échanges constructifs. Nous avons dernièrement mené des entretiens avec diverses personnes et organisations spécialisées en chirurgie et avons même fixé un rendez-vous avec la Société des chirurgiens du canton de Zurich, présidée entre autres par Monsieur Schöb. Maintenir et renforcer la formation continue des médecins est notre but.
Simon Stettler, directeur de l’asmac

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