Critiques de livres

Horizonte
Édition
2022/08
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2022.20500
Bull Med Suisses. 2022;103(08):270-271

Publié le 22.02.2022

Violette au bois des fous
Madeleine Melquiond
Lausanne: Ed. Favre; 2021
Roman
Violette, ancienne journaliste soixante-huitarde, se surprend à vider un flacon de somnifère un jour de septembre. Son geste n’est pas prémédité, mais il cache une lassitude ­mêlée à de la solitude. Son rêve de partir incognito ne se réalisera pas: la caméra de surveillance installée dans sa maison est reliée à la caserne des pompiers. Nue comme un ver, Violette est embarquée par les hommes du feu malgré elle et atterrit dans un hôpital psychiatrique sis au milieu d’un bois, le «bois des fous». La retraitée découvre un monde qui lui était inconnu jusqu’ici, où les malades se nomment les «zigs», les infirmières les «zinzins», les aides-soignantes les «zazas» et le reste de la population les «afous». Un univers à part formé de destins à part, auxquels Violette va s’attacher.
Prof de dessin, passionné de musique classique, femme battue ou ayant subi des violences sexuelles, certains résidents sont au bois des fous depuis longtemps ou y reviennent souvent. Violette n’y restera que trois semaines, un séjour qui lui fera réfléchir à sa «TS» (tentative de suicide) et au sens, qu’elle avait perdu, de la vie.
Avec beaucoup d’humour, de finesse et de poésie – «Poésie» est d’ailleurs le surnom que les «zigs» affublent à la protagoniste –, Madeleine Melquiond évoque la limite fragile entre stabilité mentale et ­folie. Inspiré en partie du vécu de l’auteure française, ce récit pourrait toutefois être celui de n’importe qui d’entre nous, tant il suffit de peu pour basculer dans le monde de la folie. Monde dans lequel les «zigs» s’accommodent pour certains de leurs destins tragiques et font de leur folie un art de vivre. Madeleine Melquiond réussit à dépeindre ce monde tabou et dérangeant sans le juger.
Mit Dir, Ima
Daniela Kuhn
Zürich: Limmat Verlag; 2021
Roman
Daniela Kuhn hat sich als Journalistin und als Buchautorin von Lebensgeschichten beispielsweise des Zürcher Psychoanalytikers Emanuel Hurwitz und des Molekularbiologen Charles Weissmann einen Namen gemacht. Im vorliegenden Buch schreibt Kuhn aber nicht nur über andere, auch wenn das Leben ihrer Mutter im Zentrum steht. Sie schreibt auch über sich selbst und wie sie das Zusammenleben mit ihrer immer wieder psychotisch erkrankten Mutter erlebt hat.
Das Buch stellt keine Krankengeschichte aus der Perspektive einer betroffenen Angehö­rigen dar. Kuhn lässt ihre Mutter erzählen, ­befragt Zeitzeuginnen und Zeitzeugen ihrer Jugend, nimmt die Tagebücher des verstor­benen Vaters zu Hilfe und konsultiert die Krankengeschichte der Psychiatrischen Universitätsklinik Zürich, wo ihre Mutter viele Male hospitalisiert war. Beim Lesen tauchte ich in verschiedenen Welten ein:
– in die arabische, die jüdische und die hiesige Kultur, die ihre Mutter geprägt hatte,
– in eine von Kindheit an bewegende Fami­liengeschichte,
– in die Tiefen und Untiefen der schweren Erkrankung der Mutter,
– in die Schwierigkeiten von Ehemann und Tochter im Zusammenleben mit einer psychisch kranken Ehefrau und Mutter,
– in ein nicht nur tragisches, sondern auch berührendes Beziehungsgeflecht einer stets gefährdeten Kleinfamilie.
Das Buch sucht, der kranken Mutter gerecht zu werden, ohne die eigene Not zu verschweigen. Es ist ohne Larmoyanz und Bitterkeit ­geschrieben. Ich kann es gerade auch medizinisch tätigen Fachpersonen sehr empfehlen.
Die Brahmskommode
Kaspar Wolfensberger
Zürich: Bilgerverlag; 2021
Roman
Im Herbst 1865 fand das erste Konzert des in der Schweiz noch wenig bekannten Johannes Brahms in Zürich statt. Prof. Theodor Billroth, Arzt und Klinikdirektor in Zürich, fieberte dem Auftritt entgegen ebenso wie der Theologe Josef Viktor Widmann und natürlich der Dirigent Friedrich Hegar. Schliesslich hatte dieser Brahms nach Zürich geholt.
Brahms’ Debüt in Zürich bildet zusammen mit einem von Theodor Billroth durchgeführten Not-Kaiserschnitt – dem ersten am Kanto­nalen Spital – den Auftakt zu Kaspar Wolfensbergers neustem Roman. Der Psychiater und Psychotherapeut erzählt darin von der Freundschaft der vier Männer, die verbunden waren durch ihre Liebe zur Musik und ihre Bewunderung für Brahms.
Ihre Wege kreuzten sich zwischen 1865 und 1895 immer wieder in Zürich und Rüschlikon. Wolfensberger gibt anhand ihrer Lebensgeschichten Einblick in das Leben und Werk von Brahms. Gleichzeitig nutzt er sie, um die Debatten der Zeit und die damaligen Entwicklungen in Musik, Kultur und Medizin einzuflechten. Und er schlägt den Bogen zu seiner eigenen Geschichte.
Der Autor ist im «Brahmshaus» in Rüschlikon aufgewachsen, in dem Brahms den Sommer 1874 verbracht hatte. Als er von seinem Onkel die «Brahmskommode» erbt, einen Sekretär voller Dokumente des Musikers und Komponisten, macht er sich auf Quellensuche. Entstanden ist daraus ein lebhafter und äusserst gründlich recherchierter Roman, der auch als Liebeserklärung an die Stadt Zürich gelesen werden kann.
Soin et bioéthique – ­Réinventer la clinique
Lazare Benaroyo
Paris: Presses ­universitaires de France; 2021
Ouvrage
spécialisé
Médecin, Lazare Benaroyo a enseigné l’éthique et la philosophie de la médecine à Lausanne et d’autres universités. Il a notamment publié Ethique et responsabilité en médecine (2006) et co-dirigé La philosophie du soin (2010). Cet ­ouvrage est une présentation concise de ses positions, en particulier de ses réserves à l’endroit d’une éthique qui a trop accepté les conditions de la biomédecine ­actuelle, trop technique aux yeux d’un groupe d’auteurs dont il fait partie. Ici un extrait: «L’éthique clinique ne consiste pas seulement à prêter attention à l’individualité du ‘cas’ mais à la subjectivité de la personne [...] La bioéthique compromet le primat de la relation interhumaine du soin.»
Le premier chapitre est un utile résumé des origines de la bioéthique, depuis le Code de Nuremberg à l’avènement de la bioéthique nord-américaine. Le suivant discute les limites de cette dernière et de ses quatre grands ­principes, devenus des mantras avec, pour l’auteur, une dimension trop contractualiste. «L’autre pôle du soin, nourri par la souffrance d’autrui, qui mobilise une attitude d’écoute et de déprise de soi [du thérapeute] n’est pas pris en compte.» Le troisième chapitre développe sa vision, s’appuyant sur les positions de Paul Ricœur et Emmanuel Levinas. Benaroyo ­propose une éthique de l’hospitalité, de la disponibilité et de la compassion, dans le cadre d’une sagesse pratique (phronesis des Anciens). Un ouvrage intéressant et agréable à lire pour tout médecin se penchant sur le ­sujet.

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